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De Hilda Strike à Audrey Leduc : Hommage aux femmes qui ont contribué au rayonnement de l’athlétisme québécois


Par Denis Poulet

8 mars 2025 — En cette Journée internationale des droits des femmes, qu’il soit permis de rendre hommage aux femmes qui ont contribué au rayonnement de l’athlétisme québécois au cours de l’histoire. Notre athlétisme doit une grande part de ses succès à ces femmes de partout dans la province qui ont brillé dans des disciplines variées, souvent peu connues, se faisant valoir sur la scène nationale et dans les grands rendez-vous internationaux.

Depuis plus de 60 ans, le milieu de l’athlétisme québécois accueille filles et femmes sans réserve en tant qu’athlètes, qui bénéficient d’un encadrement similaire à celui des hommes. Le milieu est également ouvert aux femmes dans les autres sphères de l’organisation, mais les progrès ont été moins rapides : il reste encore du chemin à faire pour que les femmes puissent se manifester autant que les hommes dans des postes de direction et en tant qu’entraîneuses de haut niveau, même si certaines y sont parvenues (voir la section Ces autres femmes honorables à la fin de cet article).

Il y a eu des pionnières. La Montréalaise Hilda Strike (1910-1989), double médaillée d’argent aux Jeux olympiques de 1932 (100 m et 4 x 100 m), fut la première athlète féminine du Québec aux JO en athlétisme et reste à ce jour la seule médaillée québécoise. Pour en savoir plus long sur cette héroïne sportive des temps révolus, on lira avec intérêt l’article de Monique Laforge dans l’Encyclopédie du Centre des mémoires montréalaises (MEM), intitulé « Hilda Strike : médaillée d’or ou médaillée d’argent? » (2017).

Vers la fin des années 1960, deux figures se détachent : Joan Hendry (sprint et longueur) et Yvonne Saunders (400 m et longueur). Aucune des deux n’est née au Québec, mais toutes deux s’y sont intégrées et y ont développé leurs talents avant de migrer en Ontario. Joan a été championne canadienne du saut en longueur (1968) et a représenté le pays aux Jeux olympiques de Mexico. Yvonne a elle aussi excellé en longueur (6,22 m en 1970), mais elle a également été championne canadienne du 400 m (1970); une fois établie en Ontario, elle s’est distinguée au 800 m (2:00,14 min en 1975).

 

Les années 1970

La fin des années 1960 constitue un tournant important pour l’athlétisme québécois. Jusque-là, l’élite était principalement anglophone, mais graduellement la structure se fait de plus en plus francophone, et surgissent de plusieurs coins de la province de nouveaux talents féminins. La décennie 1970 est celle des Lucette Moreau (poids et disque), Anne Filion (hauteur), Francine Gendron (400 m haies et demi-fond) et Louise Béland (javelot). De ce groupe, seule Lucette Moreau ira aux Jeux olympiques, ceux de Montréal en 1976 : elle s’y classera 13e au poids et au disque. Un an plus tôt (1975), à Mexico, Lucette avait gagné la médaille d’argent du poids des Jeux panaméricains alors qu’elle était encore d’âge junior. Son record canadien U20 (16,96 m) a tenu 44 ans.

Le Québec athlétique sait par ailleurs se montrer accueillant. Deux lanceuses formidables vont y poursuivre leur progression déjà entamée dans leur région d’origine. La Roumaine Carmen Ionesco (poids et disque) sera dominante au Canada pendant une dizaine d’années. Elle est l’athlète féminine québécoise qui a remporté le plus de titres nationaux, soit 11, entre 1973 et 1984, au poids (4 titres) et au disque (7 titres). Carmen détient toujours le record national du disque, 62,72 m en 1979 à Montréal, il y a donc 46 ans.

L’autre transfuge, venue de l’Ontario, est Jane Haist, prise en charge par l’entraîneur Jean-Paul Baert à partir de 1975. Double médaillée d’or (poids et disque) aux Jeux du Commonwealth en Australie en 1974, Jane participera aux Jeux de Montréal en 1976, où elle se classera 11e au disque. Son record personnel de 61,70 m au disque (1975) la classe au 2e rang du top 10 québécois de tous les temps… derrière Carmen Ionesco.

 

De plus en plus d’épreuves accessibles

Il faut le dire, les femmes ont longtemps été victimes d’une forme de discrimination, ne pouvant participer à autant d’épreuves que les hommes. Ce n’est qu’à Paris, aux derniers JO, que le programme olympique a offert pour la première fois le même nombre d’épreuves aux hommes et aux femmes. C’était l’aboutissement d’un très long cheminement.

En 1970, les femmes ne pouvaient disputer aucune épreuve au-delà du 1500 m, le saut à la perche, le triple saut et le lancer du marteau leur étaient interdits. C’est très graduellement qu’elles auront accès à davantage d’épreuves, jusqu’à la parité en 2024.

Aux championnats canadiens, on leur ouvre d’abord le 5 km marche (1970), puis le 400 m haies (1971). En 1974, elles ont accès au 3000 m, puis, en 1976, au 10 km marche et au marathon. En 1982, le 10 000 m s’ajoute au programme. Cinq ans plus tard, on leur offre le triple saut et le lancer du marteau. En 1995, s’ajoutent le 5000 m et le saut à la perche, puis, en 1999, le 3000 m steeple. Ouf!

Plusieurs Québécoises se spécialiseront rapidement dans les nouvelles épreuves qu’on les autorise désormais à disputer et y excelleront. Feront ainsi office de pionnières : Jacqueline Gareau au marathon (2:28:23 h en 1983), Carole Rouillard et Lizanne Bussières au 10 000 m (31:56,74 min en 1991 et 32:28,38 min en 1989 respectivement), Simone Lemieux au triple saut (12,85 m en 1993), Rosey Edeh au 400 m haies (54,39 s en 1996), Michelle Fournier au marteau (64,46 m en 2000) et Gabriella Duclos-Lasnier à la perche (4,36 m en 2009). Il faudra cependant attendre une vingtaine d’années pour voir émerger des coureuses de steeple d’un niveau respectable, avec le tandem formé de Jessy Lacourse et Catherine Beauchemin (9:40,86 min en 2021 et 9:56,10 min en 2022 respectivement).

Émilie Mondor, décédée tragiquement en 2006 à l’âge de 25 ans, fut elle aussi une pionnière, se distinguant par sa polyvalence et son excellence dans trois champs distincts de l’athlétisme : le demi-fond sur piste, le cross et la course sur route. Première Canadienne à franchir le cap des 15 minutes au 5000 m (14:59,68 min en 2003), elle fut également championne canadienne de cross (2002, 2003) et 8e en cross long aux Championnats du monde (2004), et a réalisé un fabuleux 31:10 min au 10 km sur route (2004).

Émilie fut également l’une des premières athlètes professionnelles québécoises en athlétisme, si ce n’est pas la première. En 2006, cinq mois avant sa disparition, elle écrivait dans la revue Athlétisme et course sur route, dans le cadre d’une nouvelle chronique : « Exercer le métier d’athlète est probablement l’un des choix de carrière les plus incertains qui soient, du fait que l’on dépend entièrement des capacités du corps humain. La tête résiste généralement plus longtemps que le pauvre faible corps humain… Ce serait magnifique d’être un loup ou une gazelle, mais ce n’est pas le cas. Ce métier ne peut ainsi durer éternellement. » (Athlétisme et course sur route, « La Chronique d’Émilie », mai-juin 2006, no 83, p. 16)

 

Les Québécoises aux JO et aux Mondiaux

Vingt-huit Québécoises ont participé aux Jeux olympiques en athlétisme. C’est le tiers de la représentation québécoise (28/83). Jusqu’aux Jeux de 1976, il n’y en a eu que quatre : Hilda Strike en 1932, Rosella Thorne en 1952 et Diane Matheson en 1956, toutes trois au 100 m et au relais 4 x 100 m, puis Joan Hendry en 1968, à la longueur et au relais 4 x 100 m.

 

Les participantes québécoises aux Jeux olympiques

Rosey Edeh affiche le meilleur bilan en matière de participation, ayant concouru à trois Jeux : 1988, 1992 et 1996. On se souvient évidemment de sa 6e place en finale du 400 m haies à Atlanta (1996); son temps de 54,39 s était un record canadien qui ne fut battu que 23 ans plus tard.

Exploit unique dans les annales de l’athlétisme québécois, les trois représentantes canadiennes au marathon olympique de Séoul en 1988 étaient trois Québécoises. Odette Lapierre a été la meilleure, 11e à 2:30:56 h; Lizanne Bussières s’est classée 26e à 2:35:03 h; Ellen Rochefort fut 31e à 2:36:44 h. Quand même! Quelle belle représentation de l’athlétisme québécois!

On pourrait presque en dire autant de nos sprinteuses à Paris en 2024. Audrey Leduc et Marie-Éloïse Leclair 6e en finale du relais 4 x 100 m, ce n’est pas loin de l’enchantement. Et puisqu’on parle de relais, mentionnons la contribution remarquable de Farah Jacques à la 6e place du Canada au relais 4 x 100 m des Jeux de Rio en 2016.

Depuis les Jeux de 1976, on relève 31 participations féminines aux JO. Chez les hommes, c’est 39. On parle donc de 44 % de femmes. C’est presque la parité.

Et par une drôle de coïncidence, on a exactement les mêmes chiffres pour la participation aux Mondiaux.

 

Participation québécoise aux JO et aux Mondiaux par genres

Aux Championnats du monde, deux Québécoises sont présentes dès la première édition, en Finlande en 1983. Nouvelle coqueluche de la course à pied au Québec en raison de sa victoire au Marathon de Boston en 1980, Jacqueline Gareau est sur la ligne de départ à Helsinki. Elle se classe 5e en 2:32:35 h, un résultat remarquable. Christine Slythe était l’autre Québécoise. Elle a bien atteint la demi-finale du 400 m haies, mais son parcours s’est arrêté là.

 

Les participantes québécoises aux Championnats du monde

L’Américano-Québécoise Aiyanna Stiverne détient le record du plus grand nombre de participations avec cinq (2015, 2017, 2019, 2022, 2023). Elle n’a pas fait fureur au 400 m individuel, sa spécialité, mais a brillé en tant que relayeuse au 4 x 400 m quand l’équipe du Canada s’est classée 4e deux fois (2022, 2023) et 6e une fois (2015).

Deux athlètes ont participé à trois championnats. La marcheuse Tina Poitras a concouru à ceux de 1991, 1993 et 1995. Son meilleur résultat : 21e au 10 km marche de Göteborg, en Suède, en 1995. La sprinteuse Kimberly Hyacinthe est la seconde, ayant participé aux Mondiaux de 2011, 2013 et 2015. Deux fois elle a atteint la demi-finale du 200 m, mais sa meilleure prestation réside dans sa contribution à la 6e place de l’équipe canadienne en finale du relais 4 x 100 m à Pékin en 2015.

Une seule Québécoise compte deux participations : à Tokyo, en 1991, Rosey Edeh était du quatuor canadien qui s’est classé 6e au relais 4 x 400 m, puis, à Stuttgart, en Allemagne, en 1993, elle a terminé 7e du 400 m haies. Vingt-neuf plus tard, Rosey verra sa fille Micha Powell au sein de l’équipe canadienne du relais 4 x 400 m des Mondiaux d’Eugene, aux États-Unis. Le quatuor canadien n’a toutefois pas franchi le tour de qualification.

Au total, 21 Québécoises ont participé aux Mondiaux.

 

Les championnes canadiennes issues du Québec 

Depuis 1968, 42 Québécoises ont été championnes canadiennes. Elles ont conquis l’or dans presque toutes les épreuves au programme. Il n’y a qu’au triple saut et à l’heptathlon qu’aucune Québécoise n’est jamais montée sur la plus haute marche du podium.

Les championnes canadiennes issues du Québec

Comme mentionné précédemment, Carmen Ionesco est la plus titrée avec 11 médailles d’or. Julie Labonté la suit de près avec 10, dans les mêmes épreuves par surcroît. Julie a gagné le lancer du poids à six championnats consécutifs, de 2009 à 2014, et le lancer du disque quatre fois de suite, de 2011 à 2014. Une autre lanceuse a dominé au pays dans sa discipline plusieurs années. Il s’agit de Dominique Bilodeau, championne nationale du javelot de 2000 à 2005. Isabelle Surprenant a également excellé dans cette épreuve, remportant le titre quatre fois (1988, 1991, 1992, 1995).

Sur la piste, Rosey Edeh a été championne du 400 m haies cinq fois (1988, 1989, 1991, 1993, 1995). Par ailleurs, deux marcheuses ont grandement fait honneur à l’athlétisme québécois : Tina Poitras dans les années 1990 et Marina Crivello dans les années 2000. Toutes deux ont remporté quatre titres : Tina au 10 km marche et Marina au 20 km marche.

Plus récemment, il faut se réjouir de la domination de Marguerite Lorenzo au saut en hauteur. Marguerite est championne canadienne depuis 2022, il y avait 30 ans qu’une Québécoise n’avait pas gagné la médaille d’or dans cette épreuve. Nathalie Belfort est la seule autre à avoir conquis le titre, c’était en 1992.

 

Plus dynamiques que les hommes

Depuis une dizaine d’années, l’athlétisme féminin a progressé davantage que son pendant masculin, du moins au niveau de l’excellence. Le Top 10 des meilleures performances québécoises de tous les temps en plein air est un bon baromètre pour étayer cette affirmation. De 2016 à 2023, les femmes sont presque deux fois plus nombreuses à avoir accédé aux classements du top 10 ou à y avoir amélioré leur position. Il n’y a qu’en 2024 que le nombre est presque égal.

Année F H
2024 22 23
2023 16 12
2022 20 18
2021 15 9
2019 26 11
2018 24 10
2017 23 5
2016 18 9

Les succès récents des Audrey Leduc, Simone Plourde, Marie-Éloïse Leclair, Emma Dagenais, Florence Caron et Marguerite Lorenzo, entre autres, ne sont pas apparus comme par magie. Ils résultent de tout un travail de développement et d’obstination exécuté par des dizaines de travailleurs et travailleuses de l’ombre.

 

Ces autres femmes honorables 

Travailleuses… Elles sont entraîneuses, gestionnaires ou officielles, la très grande majorité bénévolement. Depuis 1993, la Fédération québécoise décerne chaque année des trophées Athlétas dans plusieurs catégories. Certaines sont mixtes, comme « officiel ou officielle de l’année » et « administrateur ou administratrice de l’année ». Les femmes sont sous-représentées dans ces deux catégories, mais plusieurs ont quand même été honorées.

Edvige Persechino, du Saint-Laurent Sélect, s’est vu attribuer le trophée de l’administrateur ou administratrice de l’année à quatre reprises (2002, 2004, 2008, 2024). Les autres femmes honorées à ce titre ont été Ginette Sabourin (1997), Marlène Paquette (1999), Lyne Carry (2021), Danielle Boulanger (2022) et Sandrine Charron (2023). À noter : elles ont été quatre depuis 2021.

Chez les officiels, Cécile Lefebvre a reçu le trophée trois fois (1995, 2000, 2018) et, en plus, on lui a décerné le trophée Hommage en 2006 pour l’ensemble de son œuvre. Sept femmes ont été honorées en tant qu’officielles de l’année depuis 1991 : outre Cécile, ce sont Nicole Guilpin (1993, 2025), Caroline Ayotte (1994), Hélène Tremblay (2006), Suzanne Lafrance (2011, 2016), Karine Nadeau (2019) et Mandy Roberge (2023).

Au chapitre des entraîneuses, ce n’est que depuis 2021 qu’il y a des catégories distinctes pour les hommes et les femmes. Auparavant, il y a eu des catégories mixtes « développement », « national » et « international ». Peu de femmes ont obtenu les grands honneurs, mais Annie Potvin, du Dynamique de Laval, a été récompensée à cinq reprises (2011, 2013, 2013, 2021, 2022). La pionnière a toutefois été Carole Crevier, du Corsaire-Chaparal, qui a reçu le trophée Athlétas de « l’entraîneur national » de l’année en 1993 et 1995. Carole a aussi reçu le trophée Hommage en 2012. Les seules autres lauréates à titre d’entraîneuses ont été Nathalie Prince en 2006 et Ariane Bouchard en 2023 et 2024.

Enfin, le prestigieux trophée Hommage a été remis à des femmes cinq fois : outre Cécile Lefebvre (2006) et Carole Crevier (1995), déjà mentionnées, les lauréates ont été Jacqueline Crevier (1995), Hélène Larose (2002), et, en trio, Nicole Guilpin, Claire Lévesque et Hélène Tremblay (2022).

 

Conclusion

Somme toute, l’athlétisme québécois au féminin a une longue histoire brillante qu’il vaut la peine de raconter de temps en temps. Les filles et les femmes qui s’engagent dans un parcours de progression en athlétisme, quel que soit leur âge, ont des modèles inspirants, présents et passés

Et elles sont nombreuses celles qui courent, sautent et lancent au Québec. Selon les dernières statistiques du recensement (chiffres en date du 29 février 2024), Athlétisme Québec compte 5 218 membres de sexe féminin, ce qui représente 45 % de l’effectif total. La moitié a moins de 18 ans.

Elles sont par ailleurs très nombreuses à courir sur la route, affiliées ou pas. Réjean Gagné, qui a créé et anime le site iskio.ca, a compilé des statistiques étonnantes sur la participation des femmes. Avec surprise peut-être, on constate qu’elles sont majoritaires depuis 2013. Pas beaucoup plus que 50 %, mais toujours au-dessus. En 2024, 108 833 coureuses ont complété une course chronométrée au Québec, ce qui représente 51,6 % de ceux et celles qui ont croisé le fil d’arrivée.

Pour Athlétisme Québec, les filles et les femmes membres d’un club d’athlétisme et toutes celles qui courent sans nécessairement être affiliées représentent un capital précieux. Le bassin est large, il y a des talents partout. Encore faut-il les dépister et leur fournir l’encadrement adéquat, à tous les niveaux du développement des athlètes : découverte, initiation, récréation, compétition, haut niveau. Il faut peut-être aussi s’efforcer d’augmenter la visibilité de l’athlétisme féminin.

Laurent Godbout, ex-directeur général de la fédération québécoise, croit que « la réussite actuelle et future des athlètes québécoises va dépendre de la reconnaissance qu’elles recevront et surtout d’un soutien financier équitable par rapport aux hommes ». Mais reconnaissance ou pas, visibilité ou pas, il s’est toujours (depuis près de 100 ans) trouvé des Québécoises qui ont entrepris et foncé, franchissant les obstacles et brisant des plafonds de verre.

 

Remerciements à Félix-Antoine Lapointe, Laurent Godbout, Marilou Ferland-Daigle et Martine Lafleur pour leurs commentaires et suggestions au moment de la préparation de cet article