Entraîner le·la jeune coureur·se
Article par Veronica Furno Puglia, physiologiste de l’exercice & candidate au doctorat
Bien que toute forme d’exposition à l’exercice dès un jeune âge ait des bénéfices pour la santé, certaines recommandations existent afin de guider les jeunes coureur·se et leurs parents dans la quête d’un épanouissement sportif.
Pour commencer, les stades de croissance et de développement sont des éléments qui doivent être pris en compte pour établir une trajectoire sportive. Un enfant ayant un âge chronologique de 12 ans, peut avoir sur le plan biologique entre 9 (développement tardif) et 15 ans (développement précoce). Un bon encadrement tiendra en compte ces éléments pour l’élaboration des programmes d’entraînement et de compétition.
Entre 5 et 10-12 ans, le corps vivra une croissance lente. C’est un moment opportun pour les qualités motrices. Les habiletés de base à la pratique du sport (courir, sauter, lancer, etc.) doivent être développées dès la petite enfance. Celles-ci peuvent être développées en utilisant le jeu comme méthode d’exposition. Vers l’âge de 7 ans, la maturité du système nerveux permet le développement de la coordination, de l’agilité, de l’équilibre et de la vitesse. Il est également proposé qu’à bas âge, les enfants devraient être exposés à une diversité de stimuli variés à l’opposé d’une spécialisation hâtive à un seul sport. Bien que les composantes physiques puissent toujours être entraînées, les périodes les plus propices pour un développement accéléré des habiletés sportives, des qualités de vitesse et de souplesse doivent être privilégiées de 6 ans jusqu’à la puberté.
Pendant et après la puberté, le conditionnement physique peut s’intensifier à cause de la maturation squelettique, de la masse musculaire, du volume pulmonaire et cardiaque et du développement du système hormonal. Pour l’endurance aérobie, le moment opportun serait plutôt vers la puberté, à l’amorce du pic de croissance. L’entraînement en continu (course lente sur longue distance et de type fartlek) doit être privilégié à cette période. Lorsque le sommet de croissance est atteint, il est maintenant possible d’introduire de l’entraînement de course par intervalles à plus haute intensité. À ce même moment, il y aurait une deuxième fenêtre propice à l’exposition à la vitesse. Pour le développement de la force maximale et de la puissance aérobie, il est conseillé d’attendre après le pic de croissance soudaine.
Par la suite, tous les systèmes pourront être entraînés, mais avec des charges très progressives !
Finalement, voici un guide à suivre selon le modèle canadien de développement à long terme de l’athlète (DLTA) :
- Garçons et filles 0 à 6 ans : les enfants doivent être actifs·ves (environnement stimulant et jeux libres)
- Garçons 6-9 ans et filles 6-8 ans : s’amuser grâce aux sports variés (habiletés sportives, jeu non structuré)
- Garçons 9-12 ans et filles 8-11 ans : apprendre à bien s’entraîner (les bases de la pratique de la course à pied)
- Garçons 12-16 ans et filles 11-15 ans : s’entraîner à s’entraîner (spécialisation dans le sport de la course à pied)
- Garçons ~16-23 ans et filles ~15-21 ans : s’entraîner à la compétition (spécialisation dans une épreuve en athlétisme)
- Garçons 19 ans et + et filles 18 ans et + : s’entraîner à gagner (s’entraîner à un haut niveau en athlétisme)
- Vie active : à tout âge !
Références :
- Développement à long terme pour les parents, programme national de certification des entraîneur·es, coach.ca
- Développement à long terme de l’athlète, athletics.ca
- Le suivi de la croissance : un aspect important du développement à long terme du participant/athlète, Istvan Balyi et Richard Way, sportpourlavie.ca