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Actualité

Les 10 ans du Comité des records de la FQA


Par Denis Poulet, responsable du Comité des records

Le Comité des records a 10 ans cette année. C’est en effet en 2012 qu’il a vu le jour, après que Laurent Godbout, directeur général de la Fédération à l’époque, m’eut confié le mandat de prendre en charge ce dossier. J’ai vite découvert qu’il n’y avait pas de règles précises pour l’homologation des records, qu’on ne savait pas très bien qui prenait les décisions à ce chapitre et que, s’il y avait bien un formulaire de demande de reconnaissance, aucune attestation d’officiel n’était exigée. Je me suis dit que je ne pouvais tout seul exécuter ce mandat et j’ai tout de suite proposé la mise sur pied d’un comité.

C’est ainsi que se sont joints à moi Serge Turgeon en tant que représentant des officiels et Jacques Chapdelaine, qui était alors responsable des statistiques. Notre première réunion a eu lieu le 22 août 2012 et nous allions nous rencontrer trois autres fois avant la fin de l’année. Deux défis majeurs se présentaient : élaborer une « politique des records » et « faire le ménage ».

Denis Poulet, responsable du comité des recordsLe « ménage » fut compliqué. Il fallait examiner à la loupe tous les records en vigueur pour les valider. Jacques Chapdelaine a notamment accompli un travail de recherche minutieux dans les statistiques dès les premiers mois pour déblayer le terrain.

Rapidement, nous avons invalidé 33 records en plein air pour des raisons variées : performance inexacte, meilleure performance réalisée antérieurement ou postérieurement, changement de règlement (par ex., déplacement du centre de gravité du javelot, modification de la distance entre les haies, élan avec planche d’appel sans zone), âge de l’athlète non admissible à la catégorie, conversion erronée d’une performance initialement en mesure impériale, moyenne de vent au-delà de la limite dans les épreuves combinées, etc.

Le processus de validation des records antérieurs à 2012 s’est poursuivi les années suivantes, incluant les records en salle. Difficulté majeure : quand on invalide un record, il faut idéalement lui trouver un remplaçant. Il y avait aussi plusieurs records vacants dans les relais. Il a fallu multiplier les recherches.

Par ailleurs, le Comité a fixé la procédure et produit de nouveaux formulaires. Serge Turgeon, spécialiste de l’informatique, a pour sa part entrepris la construction d’une base de données des records.

L’élan était donné. 

Bref bilan

Dix ans et 24 réunions plus tard, où en sommes-nous? Je croyais un peu naïvement que, une fois la procédure mise au point et appliquée, tout se déroulerait presque automatiquement, avec un peu de contrôle administratif. Peut-être même que le Comité des records ne serait plus nécessaire

Outre qu’il a fallu plusieurs années pour valider les records du passé, plusieurs questions ont surgi en cours de route : sur l’admissibilité des athlètes, sur l’admissibilité des épreuves, sur la procédure elle-même (pourquoi cette paperasse?), sur la cohérence avec les records canadiens, etc. Et les demandes se sont multipliées, entre autres pour ajouter des épreuves et des catégories.

Le dossier des records s’est épaissi en quelque sorte. Voici les principaux jalons de son évolution depuis 10 ans.

  • Août 2012 : mise sur pied du Comité des records
  • Novembre 2012 : premier communiqué du Comité des records, intitulé Les records du Québec au peigne fin; on y annonce entre autres la nouvelle procédure
  • Décembre 2012 : communiqué annonçant les premiers records homologués en vertu de la nouvelle procédure (27 records en plein air) 
  • Mai 2014 : le Comité des records ouvre un volet vétérans et amorce une recherche pour dénicher tous les records possibles dans cette catégorie
  • Juillet 2014 : première remise de certificats de record lors des Championnats provinciaux à Québec
  • Septembre 2015 : reconnaissance de 130 records en salle chez les vétérans
  • Octobre 2015 : publication des premières listes de records issues de la base de données des records, maintenant pleinement opérationnelle
  • Mai 2016 : reconnaissance de 220 records en plein air chez les vétérans
  • Septembre 2016 : ajout de la catégorie U23 et reconnaissance de 89 records dans cette catégorie
  • Mars 2018 : publication d’un historique des records en plein air
  • Janvier 2021 : suppression des MPQ (meilleures performances québécoises) et reconnaissance des premiers records en course et marche sur route (130)
  • Mai 2021 : ajout d’une vingtaine d’épreuves admissibles et reconnaissance de 64 records
  • Octobre 2021 : avec l’accord de Parasports Québec, prise en charge des records en para-athlétisme
  • Décembre 2021 : publication d’un historique des records en salle
  • Janvier 2022 : adoption des premiers records en para-athlétisme (85)

En 2012, les premières listes publiées sous l’égide du Comité des records faisaient état de quelque 400 records « actifs », en plein air et en salle. Aujourd’hui, on parle de plus de 1400 records.

Au cours des 10 dernières années, Charles Philibert-Thiboutot s’est vu reconnaître 15 records par le Comité des records, soit six en plein air et neuf en salle.


Le Comité des records a reconnu pas moins de 39 records à Alice Cole chez les vétérans, soit 25 en plein air et 14 en salle.


Diane Légaré est incontestablement la meilleure « batteuse » québécoise de records sur route, détenant 26 records sur diverses distances et dans plusieurs groupes d’âge chez les vétérans.
 

La question de l’admissibilité

Tout au long des dix années de vie du Comité, sans cesse est revenue sur le tapis la question de l’admissibilité aux records. On n’a retrouvé aucun document écrit dans le passé précisant les conditions d’admissibilité aux records, mais il y avait des politiques d’admissibilité pour le programme Excellence, les Jeux du Canada et d’autres compétitions impliquant des équipes du Québec. Le Comité des records a choisi de s’aligner sur les exigences du programme Excellence, mais à plusieurs reprises on nous a posé des questions sur cette fameuse admissibilité aux records. 

Il y a deux écoles de pensée : pour certains, tout athlète membre d’un club québécois affilié à la FQA devrait être admissible, quel que soit son statut de citoyenneté ou son lieu de résidence. Pour d’autres, il faudrait être citoyen canadien et résider au Québec pour être admissible.

Le Comité des records se positionne entre les deux : pour être admissible à l’homologation d’un record du Québec ou d’une meilleure performance québécoise (MPQ), tout athlète doit, au moment de la réalisation de la performance :

  • être membre en bonne et due forme de la Fédération, via un club affilié à la Fédération ou adhérant directement en tant qu’indépendant;
  • être citoyen canadien ou avoir le statut de résident permanent au Canada;
  • détenir une carte d’assurance-maladie de la RAMQ valide.

            (Article 3.1 de la Politique des records)

Saisi régulièrement de demandes pour modifier cet article dans le sens d’une plus grande souplesse ou d’une plus grande rigidité, le Comité des records a toujours maintenu son choix de départ. Ce choix s’inscrit d’ailleurs dans la tradition de reconnaissance des records québécois depuis la constitution de la Fédération à la fin des années 1960.

Temps puce ou temps officiel?

Autre question sérieuse qui s’est posée au moment de reconnaître des records sur route en 2021, pourquoi ne pas reconnaître des temps puce (Chip Time) comme records, puisque ce sont les chronos réels qui correspondent plus justement aux performances des athlètes? Il a fallu développer un argumentaire solide pour aller à l’encontre d’une telle orientation.

 Argumentaire pour le maintien des temps officiels (Gun Time) comme records sur route

Cet épisode de la jeune histoire du Comité des records illustre son utilité. Les firmes de chronométrage ont tendance depuis quelques années à ne publier que les temps puce des concurrents qui ne sont pas considérés comme des coureurs d’élite, ce qui est le cas de presque tous les vétérans. Il y avait donc une pression pour reconnaître des temps puce comme records. Après discussion, et à la lumière des arguments invoqués (voir l’argumentaire), le Comité a fait son choix. Une décision collective, comme dans bien des cas problématiques au fil des années. 

Ainsi, le Comité des records refuse chaque année de reconnaître certains records en vertu de la Politique des records, mais aussi sur la foi d’informations de terrain pertinentes recueillies par l’un ou l’autre membre du Comité.  

Pourquoi la paperasse? 

La question des formulaires est aussi revenue à plusieurs reprises. Pourquoi faut-il remplir des formulaires papier à l’ère du « tout informatisé »? Pourquoi un record n’est-il pas reconnu « automatiquement » dès lors que la performance se retrouve dans les résultats officiels?

Dès la mise en uvre de la nouvelle procédure en 2012, les formulaires se sont avérés fort utiles. En raison des renseignements personnels qu’ils contenaient, mais aussi de certaines précisions techniques, comme le poids exact de l’engin dans les lancers.

Certes, il serait souhaitable que tout puisse se faire par voie électronique et cela viendra un jour ou l’autre, mais d’ici là, le formulaire papier (qui peut être numérisé) reste de mise. Et il ne peut y avoir d’homologation automatique. L’attestation d’un officiel est essentielle et, l’expérience du Comité des records le montre, la reconnaissance ne va pas toujours de soi. Le Comité des records a refusé des dizaines de records depuis 10 ans, pour des raisons très variables. Et chaque refus était justifiable.

Un comité stable, mais changeant

Un mot sur le Comité lui-même pour terminer. Nous étions trois au début, nous sommes maintenant sept (trois femmes, quatre hommes). Serge Turgeon et moi y siégeons depuis 2012. Chacun, chacune apporte une contribution précieuse en vertu de son champ d’expérience, souvent sur le terrain. Entre les réunions (deux ou trois par année), nous entretenons une correspondance régulière.

Je tiens à remercier ceux qui ont fait partie du comité mais n’y sont plus, soit Jacques Chapdelaine, Serge Thibaudeau et Marc Desjardins. Et je salue mes collègues actuels : Chantal Desrosiers, Marilou Ferland-Daigle, Nana Momoh, Serge Turgeon, Bernard Lachance et Boris Zadra. Partants pour un autre dix ans?

Merci aussi à tous ceux et toutes celles qui nous ont aidés dans nos tâches, à commencer par les détenteurs et détentrices de record eux-mêmes et elles-mêmes, ou encore leurs entraîneurs et entraîneuses, qui ont rempli de bonne grâce les formulaires, ou nous ont signalé des erreurs ou précisé certains détails. Merci enfin aux officiels, qui ont vu s’ajouter à leurs responsabilités celle d’attester les performances selon les critères de la Politique des records.