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Récapitulatif 2023-2024 : L’évolution de la popularité de la course à pied au Québec en statistiques


Le site iskio.ca a récemment mis à jour les statistiques pour les années 2023-2024, ce qui permet maintenant d’avoir une bonne idée du retour en vogue de la participation aux courses à pied au Québec. Un grand merci à Réjean Gagné pour sa précieuse collaboration et l’écriture de cet article !

Voici les principales observations que l’on peut tirer de ces données.

 

Partie 1a. Le Calendrier des événements

Tout d’abord, l’offre d’événements est relativement stable depuis le retour de la pandémie.

On se souviendra de la frénésie de création d’événements qui a culminé en 2015-2016 (ce qu’on a appelé la 2eme vague, alors que la première vague avait eu lieu en gros entre 1979 et 1988). Le nombre d’événements déclinait bien avant la pandémie, pour diverses raisons (moins d’inscrits, difficulté de recrutement de bénévole, manque de relève, etc..)

Dans le graphique ci-dessous (nombre d’événements depuis 1975) on voit bien ces deux ‘vagues’.

En 2024, la situation est donc assez calme en termes de nombre d’événements. De nouveaux s’ajoutent, mais on assiste également à une certain ménage.

Côté trail la situation est simple : nous sommes à peu près revenus à l’offre qui prévalait avant la pandémie. Il faut dire que ce secteur poursuit sa lente mais solide progression. De plus, un bon nombre de courses de trail se sont faufilées à l’automne 2020 et 2021 pendant la pandémie, ce qui a permis à plusieurs événements de rester opérationnels.

 

Partie 1b. Les épreuves offertes

Pour ce qui est des distances offertes, c’est plutôt stable côté marathons comparé à la situation pré-pandémique. Même situation pour les 15k et les 30k.

Pour les 5k, 10k et 21k, le nombre des départs offert est proportionnel au nombre d’événements (i.e. environ 60% du nombre pré-pandémie). Pour finir, le 20k est une distance maintenant disparue en course sur route.

Enfin, la nouvelle mode est certainement les courses de type ‘backyard ultra’, où les concurrents doivent parcourir un maximum de boucles d’environ 6k dans un laps de temps donné, on en compte maintenant une douzaine au Québec.

Partie 2a. Participation aux événements (en course sur route) post-pandémie

En course sur route, il y a plusieurs observations intéressantes pour la participation. D’abord, les événements majeurs ont su attirer de nouveau les coureurs en grand nombre. La progression post-pandémie est très forte.

Au marathon, en particulier, 2024 a vu un nombre record de finissants! Depuis toujours!

Tous événements confondus, on a dénombré 9757 marathoniens.
Contre 6910 en 2019 (le sommet pour la 2eme vague), et 8545 (sommet de la 1ere vague en 1982).

Note: dans le tableau ci-dessus, les chiffres pour le nombre total de finissants entre les années 1979 à 2008 est présenté seulement pour les années où nous avons été en mesure de compiler tous les résultats.

Au demi-marathon, même phénomène.
41704 finissants en 2024, contre 36947 au sommet de 2014.

Le graphique ci-dessous illustre à nouveau cet incroyable performance.
(note : Dans les années 80 et 90, cette distance n’était pas beaucoup plus populaire que les 15k et 20k).

Il faut croire qu’il y a eu, post-pandémie, un gros appétit pour ces distances.

C’est donc dire que les gros marathons de la province comme les marathons de Montréal et de Québec ont battu leur record des années pré-pandémiques, toutes distances confondues?
Non, pas toujours, ça dépend des événements et de chaque épreuve.

Par exemple il manque encore quelques milliers de finissants au marathon de Montréal pour rejoindre le sommet de 2016.
Le marathon de Québec pour sa part quasiment rejoint son sommet de 2013.

D’autres événements ont vu leur nombre de finissants exploser (voir tableau).
Quelques autres événements importants ont vu moins de coureurs, mais la majorité est en bonne progression depuis le retour de la pandémie.

Comme toujours on parle ici du nombre de finissants (ayant reçu un chrono) et non le nombre d’inscrits.

Partie 2b. Participation Globale (course sur route)

Alors donc il y a plus de finissants aux courses organisées qu’avant la pandémie?
Non, pas encore.

On a compilé un peu plus de 213000 finissants en 2024, contre un peu moins de 262000 au sommet de 2016.En fait on est encore un peu légèrement sous les totaux de 2019, mais pas loin. La première raison pour expliquer ces chiffres, c’est assurément le nombre plus restreint d’événements.

Comme les plus petits événements offrent généralement des courses de 5k et 10k, ce sont sur ces distances que nous sommes encore loin des sommets.

Au 10k : environ 47400 finissants en 2024 contre plus de 65000 au sommet en 2014.
Au 5k : environ 68400 en 2024 contre plus de 92000 en 2015.

Partie 3a. Participation aux courses de trail

La participation aux courses de trail a toujours suivi une croissance plus modeste qu’en course ‘sur route’, mais plus constante et plus solide, dirait-on. Le tout avec un nombre d’événements en croissance plus soutenable. Si on exclut 2020 à 2022, on voit une croissance des finissants en trail qui se poursuit post-pandémie. Déjà en 2023 ce secteur avait pratiquement retrouvé le nombre de finissants de 2019. En 2024, on a donc un nouveau record de participation (un peu plus de 31165 finissants contre 28885 en 2019).

Partie 3b. Participation des femmes

Depuis 2022 le pourcentage de finissantes se remet à augmenter légèrement, mais en course à pied nous en sommes encore à quelques points de pourcentage des sommets (51.6% en 2024 contre 54.7% en 2015-2016). En course en sentier, c’est comme le reste de ce créneau, on a déjà à un record (46.4% en 2024 vs 43.6% en 2018). Les femmes demeurent majoritaires dans le domaine des courses de canicross.

 

Partie 3c. Conclusion

Alors que la deuxième vague de course à pied semblait s’essouffler, avec un sommet atteint autour de 2015-2016 et un déclin jusqu’à 2019, la pandémie semble avoir agi comme un ‘reset’.

Les coureurs sont donc revenus en nombres conséquents, surtout pour joindre les rangs des courses majeures et établies.

Il faudra encore attendre quelques années pour voir si on assiste à une ‘3eme vague’ de popularité ou à un ‘simple’ rebond post-covid. On peut émettre plusieurs hypothèses qui vont dans un sens comme dans l’autre.

En voici quelques-unes.

  • Par exemple, verra-t-on à nouveau une création d’événements de façon débridée, comme ce qui a mené au sommet de 2015-2016? Si c’est le cas, les nouveaux événements vont-ils cannibaliser les événements actuels ou vont-ils attirer de nouveaux coureurs, notamment avec des courses plus courtes comme le 5k et le 10k?
  • Le record de finissants au marathon ET au demi-marathon indique-t-il une vraie reprise, ou est-ce simplement la réalisation d’un objectif post-pandémie, les coureurs ayant eu besoin d’une source de motivation pour se remettre en forme? Lors de la première vague des années 80, nombreux étaient les gens qui ont voulu courir un ‘marathon’ comme un défi, sans pour autant en faire un mode de vie, ce qui a mené à un déclin rapide pour cette distance.
  • Pas tous les événements ont fait des gains par rapport à la période pré-pandémie. Certains plus petits événements ont fait des gains plus modestes, certains sont encore loin des valeurs pré-pandémie, quelques-uns ont même perdu des coureurs. Est-ce juste une question de mieux se faire connaitre? On a constaté ces dernières années que plusieurs petits événements s’annonçaient très en retard, parfois 2 à 4 semaines seulement avant la date de la course.
  • Le nombre de finissants aux plus gros événements a-t-il été ‘boosté’ par la disparition d’autres types d’événements, en particulier les courses à obstacles et les nombreuses courses non-chronométrées? Juste en 2014, on avait compté 62000 finissants à une course à obstacle, une partie de ces personnes ont peut-être rejoint le rang des coureurs sur route ou en sentier.
  • Le nombre de coureurs prêts à participer à plusieurs événements par année est peut-être plus restreint qu’avant. Mais inversement, on peut peut-être argumenter qu’une partie du nombre record de marathoniens sera incité à participer à plus de courses de courte distance question de mieux se préparer.

Seul l’avenir permettra de répondre à ces interrogations.

Je vous invite à explorer le menu « stats » sur iskio.ca pour consulter les différents tableaux et faire vos propres hypothèses.

 

Un grand merci à Réjean Gagné pour sa précieuse collaboration et l’écriture de cet article !