
Tendance de l’heure : La course à pied

Article par Trycia Migneault, Étudiante à la maîtrise en psychopédagogie, Université Laval, B.A. École de psychologie, Université Laval
Nous observons actuellement une popularité croissante des sports d’endurance et des courses de longue distance, tels que les marathons, les courses d’ultra-trail et les épreuves d’Ironman. Il semble que ces défis sportifs de grande envergure, qui attiraient auparavant davantage les athlètes d’élite, sont maintenant relativement communs et accessibles. Vous n’avez qu’à penser à votre entourage ou à vos récents événements sociaux. N’y a-t-il pas au moins une personne qui ait partagé son prochain défi sportif de plusieurs kilomètres de course?
L’envers de la médaille
En fait, la pandémie semble avoir eu cet effet de pousser les gens à se procurer des souliers de course et sortir courir en plein air. Avec la fermeture des installations sportives, les Québécois n’ont eu un autre choix que de trouver des alternatives à la salle de sport. La course à pied, un sport à faible coût qui se pratique à l’extérieur, s’est avérée être le choix alternatif de plusieurs. Cette popularisation de la course dans les dernières années n’est pas un problème en soi, bien au contraire. Évidemment, la pratique sportive est primordiale pour favoriser la santé physique et le bien-être (Mountjoy et al., 2016). Également, l’exposition quotidienne à des exploits sportifs sur les réseaux sociaux, les applications sportives (Strava), dans notre entourage ou dans les rues qui nous entourent peut devenir une source de motivation pour atteindre des objectifs ou s’initier à la course.
Ce qui est préoccupant avec ce phénomène est la normalisation que l’on fait des défis de longue distance et la pression sociale qu’elle peut engendrer, notamment par la comparaison. L’exposition répétée aux entraînements et aux exploits sportifs des autres peut laisser croire que ces résultats sont facilement accessibles, alors que la réalité est toute autre. En fait, les gens qui partagent leurs entraînements ou leurs exploits sportifs ne montrent pas nécessairement tout le processus, les mauvaises journées ou les embuches, mais plutôt une version embellie de la réalité. Cela peut donner l’impression que nos propres efforts ou accomplissements sont « ordinaires » en comparaison, alors qu’en réalité, il est tout à fait normal et commun de connaître des hauts et des bas. Il peut alors s’avérer plus difficile pour une personne d’évoluer à son propre rythme, d’être fière de ses propres sorties de course, de se libérer de la pression de performance et de pratiquer ce sport pour le plaisir et le bien-être qu’il apporte. De plus, un manque d’encadrement au début de cette nouvelle pratique sportive peut mener à des blessures, au découragement, au sentiment d’incompétence ou au sentiment de ne pas en faire assez.
Courir son propre marathon
Il est important de se rappeler que courir un marathon est un exploit plutôt que la norme. En effet, devenir un coureur de longue distance est un travail de longue haleine, qui exige beaucoup de temps, d’énergie et de patience. Il est également important de se rappeler que la forme physique n’est pas intimement liée à la distance parcourue ou la vitesse de course. Il est possible d’être en bonne forme physique sans avoir la capacité ou le désir de courir plus de 5 km. Il est tout à fait acceptable de se satisfaire d’une course ou d’une marche de 2 km. Il est important de bouger au quotidien, mais il est d’autant plus important de bouger dans le plaisir et pour le bien-être que la pratique sportive apporte à notre corps et notre esprit. Cette popularisation des sports d’endurance n’est pas un problème en soi, pourvu qu’ils soient pratiqués dans le respect de son propre rythme, de ses propres limites et pour soi avant tout.
Article par Trycia Migneault, Étudiante à la maîtrise en psychopédagogie, Université Laval, B.A. École de psychologie, Université Laval
Référence
Mountjoy, M., Brackenridge, C., Arrington, M., Blauwet, C., Carska-Sheppard, A., Fasting, K., Kirby, S., Leahy, T., Marks, S., Martin, K., Starr, K., Tiivas, A. et Budgett, R. (2016). International Olympic Committee consensus statement: harassment and abuse (non-accidental violence) in sport. British Journal of Sports Medicine, 50(17), 1019-1029. https://doi.org/10.1136/bjsports-2016-096121