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Top 10 québécois de tous les temps en salle : Peu de sang neuf, mais de belles progressions


Par Denis Poulet

 

 

Note. Les nouveaux records du Québec mentionnés dans cet article sont en attente d’homologation par le Comité des records.

 

L’an dernier, les classements des 10 meilleures et meilleurs en salle avaient accueilli 21 nouveaux venus. C’était comme une explosion de bons résultats après les années de pandémie. Cette année, retour à une réalité plus modeste, conforme à ce qu’on a vu dans les classements en plein air 2023 : on parle de cinq nouveaux venus seulement, il y en avait aussi eu cinq dans les classements en plein air.

Cela dit, les classements en salle ont connu passablement d’animation, surtout en demi-fond, comme le veut la tendance qui se poursuit depuis plusieurs années. Vingt-neuf athlètes (15 femmes, 14 hommes) ont inscrit de nouveaux records personnels pour soit faire une première apparition dans les classements, soit y améliorer leur position, soit la consolider.

 

Top 10 québécois de tous les temps en salle

 

Plourde en vedette

 

Quelques noms se détachent nettement, à commencer par Simone Plourde (CSLS), athlète féminine séniore de l’année 2023. Simone a poursuivi sa fulgurante progression, qui lui a d’ailleurs valu une participation aux Mondiaux en salle de Glasgow au début de mars. Non classée au 800 m l’an dernier, elle a surgi à la 2e place, résultat de son chrono de 2:04,34 min à Fayetteville le 16 février. Le 11 février à New York, Simone a fait d’une pierre deux coups en battant le record du Québec du 1500 m et du mile : son temps de passage de 4:06,98 min au 1500 surpassait de près de 10 secondes le chrono record obtenu par Florence Caron (CAUL) la veille à Boston. Simone et Florence apparaissaient au classement du 1500 m pour la première fois.

Au mile, Simone, qui occupait la 4e place l’an dernier, est aussi sortie du lot : son temps de 4:24,67 min à New York couronnait une belle course au record du Québec entreprise par Florence Caron en Pennsylvanie le 26 janvier, alors que cette dernière avait battu le record de Jessy Lacourse (CAUL) de 2023 (4:34,52) par 57 centièmes. Le lendemain 27 janvier, à Boston, Jessy a repris son bien : 4:31,87 min, mais c’est Simone qui a eu le dernier mot le 11 février. Le nouveau record de Simone était la meilleure performance canadienne de l’année sur cette distance (3e de tous les temps) et la 12e dans le monde.

Simone Plourde a aussi amélioré son meilleur temps au 3000 m, le faisant passer de 9:14,59 min (2023) à 9:03,12 min à Boston le 17 janvier. Elle n’a toutefois pas bougé au classement, restant 2e derrière Jessy Lacourse (8:59,26 en 2022).

 

 

Philibert-Thiboutot toujours en feu

 

Charles Philibert-Thiboutot (CAUL) est toujours le meilleur coureur de demi-fond québécois de l’histoire et, à 33 ans, il continue de surprendre, de repousser ses limites. Tout comme Simone Plourde, il a profité de sa présence aux Millrose Games de New York le 11 février pour faire d’une pierre deux coups, améliorant ses deux records du Québec du 1500 m et du mile grâce à des temps de 3:36,53 min et 3:53,12 min respectivement. Au mile, c’était la 18e performance mondiale de l’année, au 1500, la 22e. Charles a également progressé au 3000 m, où son chrono de 7:41,12 min à Boston le 4 février retranchait près de 9 secondes à son record précédent, qui datait de 2021.

 

Le 3000 m masculin est d’ailleurs l’épreuve qui a connu le plus de remous au cours de la saison. Cinq de nos meilleurs athlètes d’élite y ont progressé. Charles y a conservé sa 1re place, mais il se trouve maintenant talonné par son coéquipier Jean-Simon Desgagnés (CAUL), passé de la 3e à la 2e place en vertu de son temps de 7:47,39 min à Boston le 10 février. On retrouve à la 4e place Perry Mackinnon (SHER), 7:54,75 min le 27 janvier à Boston, à la 7e place Kevin Robertson (CSLS), 8:00,63 min le 2 décembre à Boston, et à la 8e place Matthew Beaudet (CSLS), 8:01,44 min le 8 mars à Winnipeg.

 

 

Leduc en pleine ascension

 

Audrey Leduc (GATI) a brillamment tiré son épingle du jeu au cours de la saison, accédant pour la première fois aux Mondiaux, où elle n’a pas manqué d’établir un nouveau record personnel au 60 m, soit 7,21 sec. Audrey a d’abord battu le record du Québec de Kimberly Hyacinthe le 17 février à Ottawa, le portant de 7,29 sec à 7,25 sec. Le même jour, elle y a retranché 3 centièmes (7,22), chrono qu’elle a égalé en qualification à Glasgow le 2 mars, puis porté à 7,21 sec le même jour en demi-finale. Enfin, elle a égalé son record aux Championnats universitaires canadiens le 7 mars à Winnipeg. Ces cinq performances sont les cinq meilleures du classement canadien de 2024 et 7,21 représente la 50e performance mondiale de l’année. Audrey a progressé en réalité de 21 centièmes cette année. Son record personnel de 7,42 sec en 2023 ne lui avait même pas permis d’accéder au top 10 québécois de tous les temps.

 

Au 200 m, elle n’était pas classée non plus, la voici maintenant 5e, résultat d’un effort de 23,94 sec le 10 février à Boston. Le même jour, Marie-Éloise Leclair (CSLS) a consolidé sa 2e place en vertu d’un bon chrono de 23,60 sec, relativement loin cependant du record de 23,34 sec de Catherine Léger, réalisé en 2022. Notons l’apparition de Frédérique Chiasson (CAUL) dans ce classement, 9e à 24,25 sec, autre temps réalisé dans la même épreuve à Boston le 10 février.

 

 

Desmeules aussi a bien progressé

 

Olivier Desmeules (CAUL) avait été l’une des figures dominantes de la saison en salle 2022-2023 avec ses deux records séniors du Québec aux 600 et 800 m. On pourrait dire qu’il a repris là où il avait laissé puisque, cette année, il a amélioré ses deux marques, consolidant sa 1re place dans les deux épreuves. Ses temps de 1:16,23 min au 600 (le 27 janvier en Pennsylvanie) et 1:47,40 min au 800 (le 16 janvier au même endroit) le situent au 1er rang du classement canadien au 600 et au 3e au 800. Son record québécois du 600 est aussi un record national U23 ainsi que la 3e performance canadienne de tous les temps.

 

 

Hyacinthe n’a pas dit son dernier mot

 

Kimberly Hyacinthe (PLUS) a connu ses plus beaux jours il y a une dizaine d’années, mais elle n’a pas dit son dernier mot. On l’a revue cet hiver au 400 m au Samford Bulldog Open à Birmingham en Alabama le 10 février, où elle a gagné l’épreuve en 54,62 sec. Peut-être pas un chrono à tout casser, mais suffisant pour permettre à la sprinteuse de 35 ans d’accéder à la 8e place du top 10 québécois de tous les temps. C’était aussi la 8e performance canadienne de l’année. Kim domine toujours le classement québécois du 300 m (37,46 en 2014), est 4e au 200 m (23,79 en 2011), mais elle a perdu sa 1re place (et son record) au 60 m, où elle a glissé à la 2e place (7,29 en 2014).

 

 

Le presque grand vide des concours

 

L’animation des classements du top 10 de tous les temps est un indice de la progression de notre sport, mais l’inertie qui caractérise certaines épreuves est un peu désolante.

 

Dans les concours, pas beaucoup de belles performances, peu de relève. Du côté masculin, statu quo dans les sauts horizontaux et au saut en hauteur (aucune performance digne de mention depuis 2020) et un timide bond de 5 mètres à la perche pour Maxime Léveillé (SHER) le 16 mars aux Championnats canadiens à Montréal, qui égalait son record personnel; il est resté 6e au classement. Dans les lancers, il n’y a que Youssef Koudssi (LSCA) à s’agiter un peu, dans son lointain Texas : 18,11 m au marteau le 10 février, bon pour la 7e place. Au poids, il n’a pas fait mieux que 18,15 m, loin de ses 19,30 m de l’an dernier qui l’avaient propulsé à la 2e place du classement, derrière Bruno Pauletto.

 

Chez les femmes, calme plat dans les sauts. Et une nouvelle venue au marteau, Efe Latham (LSCA), dont les 17,39 m lui ont permis d’apparaître à la 10e place du classement.

 

Rien au pentathlon féminin non plus. Mais une lueur d’espoir à l’heptathlon masculin, avec Emanuel Désilets (CADL). Ce dernier a remporté l’heptathlon du Penn State National Open, en Pennsylvanie, le 27 janvier avec un total de 5045 points. C’était la 3e performance québécoise de l’histoire, derrière celles de Winchester Johnson (5170 points en 1986) et de Dylan Golow (5081 points en 2016). C’était aussi un nouveau record du Québec U23. Dans la même épreuve, on retrouve le nouveau venu Kilty McGonigal (CSLS) au 8e échelon en vertu de ses 4789 points aux Championnats canadiens universitaires le 8 mars à Winnipeg.