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La place des femmes, au cœur de l’activité physique et sportive  !


Par Julia Topart et Sophie Labossière

On entend souvent parler que les femmes et les filles bougent moins que les hommes et les garçons. Cependant, savons-nous réellement pourquoi il en est ainsi ? Dans cet article, nous tenterons de répondre à cette question en vous parlant de cette réalité bien présente qui est influencée entre autres par des différences biologiques et des stéréotypes sexuels.

La pratique sportive des filles et des femmes varie selon leur âge et a aussi évolué au travers des époques. Brièvement, les femmes font, de façon générale, moins de sport ou d’activité physique que les hommes dès l’âge préscolaire. Elles pratiquent un sport plus fréquemment en ayant comme motivation de prendre soin de leur corps, de leur apparence physique, de contrôler leur poids ou de préserver leur santé, ce qui diffère des hommes qui font davantage du sport pour performer et compétitionner. Cela étant dit, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à identifier des barrières (ex. : la gêne, la peur de se blesser, ne pas être assez en forme, etc.) à leur pratique d’activités physiques. De plus, il n’y a que peu de présence de modèles féminins dans les médias sportifs pour inspirer les jeunes filles. D’ailleurs, il y a moins de financement disponible pour les athlètes féminines, limitant leurs possibilités de carrières sportives. À cet effet, en 2016, Égale Action a dénoncé cette iniquité d’attribution des ressources entre les hommes et les femmes en parlant du football qui profite d’un financement dont aucun équivalent de sport féminin ne bénéficie.

 

 

 

 

Certains éléments peuvent expliquer ces différences entre les hommes et les femmes. Effectivement, il existe des stéréotypes sexuels et réalités sociales qui ont été nuisibles à la pratique sportive des femmes et qui le demeurent. Pendant longtemps, les femmes n’ont pu pratiquer un sport puisque c’était défendu socialement. Par exemple, au milieu des années 1960, la plupart des marathons étaient réservés aux hommes. Le marathon de Boston s’ouvre aux femmes en 1972, et celui des Jeux olympiques, en 1984 ! C’est grâce à de nombreux changements sociaux que les femmes ont pu graduellement intégrer les systèmes sportifs, bien que le sport demeure très genré dû aux différences biologiques entre les sexes. Notamment, aux Championnats québécois de cross-country, la distance officielle pour les athlètes collégiales féminines est de 6 km, alors qu’elle est de 8 km pour les garçons. Cette distinction des épreuves d’un même sport selon le sexe est de plus en plus remise en question de nos jours. Il est temps d’associer sport et diversité !

Dans le monde du sport, il n’est pas rare d’entendre que les femmes sont moins performantes que les hommes. Les gens regardent majoritairement le temps réel d’une performance, ce qui est bénéfique pour les hommes. En effet, les hommes sont nettement avantagés physiologiquement, puisque leur sang est plus riche en globules rouges, qui apportent l’oxygène aux muscles, et que leur pourcentage de masse grasse est plus faible, soit un poids en moins lors des courses. En course à pied, cela se traduit en moyenne par des temps plus rapides et également plus impressionnants, d’un point de vue absolu. Or, si l’on s’intéressait davantage à la valeur « relative » des performances, les athlètes féminines obtiendraient peut-être plus facilement l’attention et le rayonnement qu’elles méritent. Par exemple, une performance de 3h00 au marathon chez les femmes vaut-elle mieux qu’un temps de 2h40 au marathon chez les hommes ? Si l’on ne tient pas compte de l’âge, la réponse est oui ! En athlétisme, il existe des tables de pointage qui permettent ainsi de connaître la valeur relative d’une performance, soit les tables de World Athletics et celles de Mercier Rioux.

Finalement, il est également possible de contribuer au rayonnement des femmes dans le sport : éviter les dictons tels que « courir comme une fille » dans une visée péjorative, assister ou écouter au moins un événement sportif féminin par année et valoriser les performances relatives des femmes. Sur ce, nous vous laissons en vous suggérant de consulter plusieurs initiatives en cours, telles Égale action, Fillactive et La Lancée, ainsi que le balado Jouer comme une fille.

 

Auteures

Julia Topart, B. Ps., étudiante à la maîtrise en psychopédagogie à l’Université Laval, auxiliaire de recherche à la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif

Sophie Labossière*, Ph. D. (c), psychoéducatrice, chercheuse postdoctorale à la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif (Université Laval)

*Membre étudiante de l’Association canadienne de psychologie du sport

 

Références

Cluzeau, T. (2019). Les femmes sont-elles plus endurantes que les hommes ? National Geographic : Sciences. https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2019/12/les-femmes-sont-elles-plus-endurantes-les-hommes.

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME (2022). Femmes et sport : constats et enjeux, 58 pages.

Hall, M. Ann (2016). The girl and the game: A history of women’s sport in Canada (2nd ed). University of Toronto Press.

Mercier, D., & Rioux, N. (s. d.). Athletics (Track and Field) Mercier-Rioux Scoring Tables. Mercier-Rioux Scoring Tables. Consulté 12 septembre 2023, à l’adresse https://www.mrscoring.com/.

Paradis-Lemieux, O. (n.d.). Quand les femmes n’avaient pas le droit de courir. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/sports/special/podium-kathrine-switzer-marathon-boston-femme/ 

Shiffer, E. (2023, 8 août). Tout ce qu’il faut savoir sur le décathlon en athlétisme. Nike : Sport et activité. https://www.nike.com/ca/fr/a/quelles-sont-les-%C3%A9preuves-du-d%C3%A9cathlon

Talleu, C. (2011). L’accès des filles et des femmes aux pratiques sportives. Conseil de l’Europe.

Travers, Ann (2008). The sport nexus and gender injustice. Studies in Social Justice, 2(1), 79-101. https://doi.org/10.26522/ssj.v2i1.969