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La place des femmes, au cœur des postes de direction et d’autorité en contexte sportif !


Par Julia Topart et Sophie Labossière

Il est connu que les femmes sont sous-représentées dans les milieux sportifs, notamment dans les postes d’influence (direction générale) et d’autorité (officielle, entraîneuse). Cet article vise à brosser un portrait de cette réalité, nommer les obstacles auxquels les femmes font face et donner quelques conseils afin d’aller vers un monde sportif plus inclusif et équitable.

Pour mettre en contexte, moins du quart des postes d’entraîneurs ou d’entraîneuses (chefs ou adjoints) étaient occupés par des femmes dans le sport universitaire canadien en 2016-2017, tandis que dans les programmes d’excellence et de sport-études au Québec, ce chiffre était inférieur à 30 %. Pour les postes d’officiel et officielles, seuls 44 % étaient occupés par des femmes à l’échelle locale au Québec, alors que ces chiffres étaient respectivement de 28 % et 29 % à l’échelle nationale et mondiale. Quant aux postes de haute direction, il y a un progrès, notamment dans les commissions du Comité international olympique, où la parité dans les postes est presque atteinte (47,7 % de femmes) à la suite de l’implantation de politiques d’égalité et de parité. Toutefois, il y a encore du travail à faire pour que les femmes soient davantage représentées et qu’elles sentent qu’elles ont réellement leur place dans des postes hiérarchiques en contexte sportif. À cet effet, le laboratoire de recherche pour la Progression des Femmes dans les Sports au Québec (dirigé par la Pre Guylaine Demers, Université Laval) étudie sur le long terme la place des femmes au sein de plusieurs rôles sportifs (ex. : athlètes, entraîneuses et officielles) dans le but de mettre en place des actions pour améliorer le recrutement et la rétention des filles et des femmes dans tous les secteurs du sport.

D’ailleurs, la recherche effectuée tant au Québec qu’à l’international a permis de mettre en lumière plusieurs obstacles aux possibilités de carrières sportives des femmes, contribuant à cibler ce qui serait à modifier pour favoriser la parité homme-femme en contexte sportif. D’abord, il est fréquent que les entraîneurs et entraîneuses soient d’anciennes athlètes, mais comme il y a moins d’opportunités en sport compétitif ou professionnel pour les femmes, plusieurs d’entre elles vont prendre leur retraite sportive plus tôt que les hommes et se tourner vers des options de carrières extrasportives. Ceci fait en sorte que contrairement à leurs pairs masculins, peu deviendront alors des athlètes professionnelles qui transiteront ensuite au rôle d’entraîneuse ou de gestionnaire en contexte sportif.

 

 

 

 

De plus, bien qu’il soit commun que des hommes entraînent des équipes féminines, il est peu fréquent de voir des femmes entraîner des équipes masculines. Cette réalité fait donc en sorte que les femmes entraîneuses ont moins d’opportunités d’emploi, d’autant plus qu’il existe également moins d’équipes féminines professionnelles ou compétitives que d’équipes masculines. En athlétisme comme dans d’autres sports, un enjeu important pouvant peser sur les femmes durant leur carrière d’entraîneuse est le degré de crédibilité et de considération qui peut leur être accordé en fonction de leurs réalisations sportives. En effet, certaines personnes peuvent associer à tort le niveau de compétence d’une entraîneuse ou d’un entraîneur à son niveau de performance en tant qu’athlète, ce qui a pour effet d’avantager les hommes par rapport aux femmes (pour en savoir plus, voir l’article sur l’activité physique et sportive des femmes et des filles). Il est possible que cette plus grande reconnaissance dans le monde sportif permette aux hommes d’obtenir davantage d’opportunités ou des postes de direction et d’autorité plus intéressants que ces dernières. L’important est de se rappeler que ce ne sont pas les réalisations sportives comme telles qui font les bons entraîneurs ou les bonnes entraîneuses, mais plutôt ses connaissances et aptitudes en entraînement.

Pour conclure, des solutions existent afin de créer un monde sportif inclusif pour les femmes en tant qu’entraîneuses, officielles, hautes dirigeantes en sport ainsi qu’en tant qu’athlètes. Concrètement, plusieurs actions au quotidien pourraient être faites comme participer aux événements de sport professionnel féminin (comme assister à un match de la PWHL – Professional Women’s Hockey League à Montréal), suivre des modèles positifs d’athlètes féminines sur les réseaux sociaux, dénoncer les situations d’inégalité hommes-femmes et participer à la mise en place de politiques d’égalité et de parité dans votre communauté. Ces actions permettront de donner une place plus importante aux femmes au sein des organisations sportives, ce qui contribuera entre autres à tirer profit de leurs points de vue différents et à éviter des angles morts dans la prise de décision. Selon vous, quels sont les autres bénéfices qui pourraient découler de l’inclusion des femmes dans les milieux sportifs ?

 

Auteures

Julia Topart, B. Ps., étudiante à la maîtrise en psychopédagogie à l’Université Laval, auxiliaire de recherche à la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif

Sophie Labossière*, Ph. D., psychoéducatrice, chercheuse postdoctorale à la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif (Université Laval)

*Membre étudiante de l’Association canadienne de psychologie du sport

 

Références

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